Photographie, graphisme et édition : et voilà le travail d'Ernesto Timor !
 

Le fil de la pierre

J’ai entamé depuis l’automne 2013 une nouvelle collaboration avec la compagnie creusoise Le chat perplexe. Eclats de pierre, éclats de vie, c’est un projet transdisciplinaire autour de la mémoire des immigrés italiens qui taillèrent le granit au pays de Sardent, près de Guéret, au tournant du XXe siècle. Pour ma part, je suis parti sur les traces étonnantes que cette activité de forçats a laissées jusqu’à nos jours dans le paysage ou encore sur les traits des derniers survivants de cette époque. D’ici quelques mois il en naîtra une exposition scénographiée par la compagnie, augmentée d’une dimension sonore. Tout cela ira tourner en parallèle à un spectacle théâtral et musical, sans parler du Bal des casse-cailloux… C’est à suivre !

Photo © Ernesto Timor
Vous ne rêvez pas, vous êtes ici…

 

Pour vous mettre en appétit, quelques images rapportées de mes premières errances dans ces paysages joliment hantés, et aussi des visages des figures…

La thématique de la fissure, de la faille s’est imposée à nous en confrontant photos d’archives et photos d’aujourd’hui… Cet instant suspendu où le granit s’ouvre en deux. Instant improbable de silence après le martèlement des coups. Une des premières choses que nous avons apprises en rencontrant les tailleurs de pierre c’est que le granit, comme le bois, a un fil, et que pour le fendre il faut suivre le fil ! Et comment trouve-t-on le fil de la pierre ? Marius Patiès nous l’explique avec son bel accent italien poli par le temps : « C’est très simple ! Le fil de la pierre est toujours tourné vers le soleil levant… » La thématique de la fissure nous ramène aussi à l’histoire de ces hommes et femmes qui ont été obligés de quitter leur pays et leurs proches pour vivre, les rides sur leurs visages aujourd’hui sont comme le fil du bois et de la pierre.
Nicolas Gotro (scénographe) et Nelly Cazal (plasticienne) vont explorer le détournement des matériaux pour nous inviter à glisser un œil à travers les failles, au propre comme au figuré : des photos d’Ernesto Timor qui épousent le grain de la pierre et se glissent dans les fissures…

(Extrait du dossier de présentation de l’exposition à venir… Bientôt un blog de la compagnie rendra compte des diverses ramifications de ce projet…)